mercredi 29 septembre 2021

Liste d'automne

 

Il est urgent

de faire provision

avant l'hiver :

     de soleil,

     de couleur,

     de lumière

...

- et de noisettes,

dit l'écureuil,

qui préfère

décidément

les fruits secs

à la poésie.

lundi 20 septembre 2021

Frugalité

Dans son très beau Journal pauvre, paru en 2018 aux éditions de La Clé à Molette, l'écrivaine Frédérique Germanaud raconte et met en question son choix de quitter tout travail salarié pour se consacrer à l'écriture. Cette interrogation, qui se pose forcément à celles et ceux qu'habite le désir de création (littéraire, picturale ou autre)  me touche profondément et elle y répond avec une franchise et une élégance remarquables.

"Je réfléchis. Expérimenter le dénuement, être attentive à ceux qui vivent de très maigres subsides, à ceux qui ont choisi de ne donner qu'un minimum de leur temps contre salaire, ou de se consacrer à une activité peu rémunératrice. Elle est jardinière, elle est danseuse contemporaine, elle donne des cours de yoga, elle anime des ateliers d'écriture. Oui, des femmes surtout ont fait ces choix, et pas des femmes ayant des maris à revenu. Elles vivent plutôt seules, parfois à la campagne, conduisent de très vieilles voitures qui n'ont ni radio, ni verrouillage centralisé des portes. Malgré le manque d'argent, elles vivent large : amicales, généreuses, créatives, lectrices. Curieuses. Elles se sont volontairement retirées de ce carcan qu'on tente de nous imposer. Je les admire. J'admire leur courage et leur joie de vivre, la qualité de leur choix. Elle est écrivain. Elle cultive des plantes médicinales. Tu tourneras ces exemples en dérision, et je préfère donc ne pas en parler. Trouver des ressources, en soi et au dehors... " (p. 15)

Un livre à lire, donc. 


dimanche 12 septembre 2021

Eclair / Pierre Morency

 

« Tout a été découvert, sommes-nous portés à penser dans nos moments de lassitude. Pendant ce temps-là, dehors, une exubérance à chaque seconde se renouvelle, les racines travaillent, les sources montent, les poissons fulgurent dans le torrent, les écorces crient, les feuillages se peuplent de nids, les nids répandent des chants, les gazouillis répondent à des feulements, des plaintes s’enroulent dans les creux du silence, les arbres inventent des musiques, les champs ondulent et crépitent à midi, les fleuves d’odeurs comblent des museaux, chaque aube a son soleil à nul autre semblable, chaque soir soulève des tours de sons inouïs, la nuit porte des lueurs, des oreilles se tendent pour tout saisir, des yeux cherchent des yeux, on marche sous les pierres, on pousse à la lisière, tout va mourir bien sûr, tout va partir en poudre sous la terre ou dans le vent, mais tout cherche à naître encore et toujours. Que jamais ne nous déserte cet éclair qui nous tient aux aguets. »



Pierre Morency, L’œil américain, p. 22/23, Le mot et le reste, 2021 pour l’édition française.

[Merci à Marie / de m'avoir fait découvrir ce texte et cet auteur sur son si beau blog Bonheur du Jour]