samedi 23 septembre 2017

Poucet



Le sentier
que tu suis à pieds
est cousu de pierres tranchantes

Le sentier
que tu suis pieds nus
est taché
de gouttes de sang

Poucet, ne jette pas
un regard en arrière
C’est devant qu’est la fin
Derrière
c’est le sang

Ne t’en retourne pas
ne trahis pas tes frères
Tu rinceras tes plaies
à l’eau rare
des ruisseaux

Garde les yeux baissés
garde le pied agile

et trouve le ciel
peut-être
au creux des flaques.


(pour Roger Dautais, Le Chemin des Grands Jardins)
 

samedi 16 septembre 2017

Dos au mur



Un express
En terrasse
Contre mon dos
Le mur fait masse

A la peau de la ville
Je frotte ma peau
J’enfonce mon désastre
Dans les pierres

Fatiguée
De la guerre
La faiblesse
Fait sa loi

Ceux qui passent
Sans savoir
Me caressent
Du regard

Et si vient un ami
Qui s’arrête un peu
Je viderai ma tasse
Sans rien dire

Un verre d’eau
Pour l’espoir
Un café
Pour la joie

dimanche 10 septembre 2017

Comptoir des Colonies


Un matin
       en terrasse
un café
       qui percole
le sucre
       dans la tasse
deux garçons
       qui rigolent

Deux dames comme il faut
partagent un gâteau
et des banalités
en sirotant leur thé

Trois familiers chenus
vêtus de gabardine
cochent leur PMU
sur fond de moleskine

Famille à l’orangeade
chocolat et croissants
Deux Anglaises en balade
absorbées dans leur plan...

Un quart d’heure
       en terrasse
un express
       un verre d’eau
laisser
       couler le flot
compter
       la vie qui passe.

lundi 4 septembre 2017

Insomnie


             
Fenêtre ouverte sur la nuit
Sur les jardins que l’on arrose
Sur le goudron mal refroidi
Sur l’haleine lourde des roses

         Il est quatre heures
         La nuit ronronne
         Comme un gros chat
         J’attends l’automne

Les tôt-levés vont à leur tâche
Un vélo grince – il est cinq heures
La vitrine du boulanger
Est luisante comme du beurre

Un train au loin fait frémir le silence
Qui ne s’en remettra pas tout-à-fait
Mon chat – le vrai – marmonne dans son rêve
Dans la tiédeur l’incertain se défait

         Il est six heures
         La nuit ronronne
         Septembre arrive
         J’attends l’automne.