samedi 20 avril 2019

Enfance / Pierre Cendors

 
"On dit que les premières années de l'enfance sont les plus importantes, celles qui déterminent le reste de l'existence. On dit sans doute vrai, mais on ne vous dit pas pourquoi c'était important. Ce n'était pas d'être un enfant qui était important dans mon enfance, c'était autre chose. Je ne sais plus ce que c'était. Les jeux d'enfants m'intéressaient peu. J'aimais ce qui était silencieux, ce qui ne parlait pas. Les arbres, la neige, la pluie, la brume, le vent. Je crois que c'était ça le plus important. Un monde qui ne parlait pas. Un monde d'avant la parole. Un monde sans le bruit de l'homme. Un premier monde. Le monde des commencements, le monde silencieux des premières neiges, de la fonte printanière des lumières, de la fraîcheur tombale des forêts d'été, le monde aux sombres tonales venteuses des nuits d'automne. C'était ça mon premier langage."

[In La vie posthume d'Edward Markham, Le Tripode, 2018]

3 commentaires:

  1. Ce texte est très beau, nous avons tous besoin d'un peu de silence pour retrouver notre intériorité, notre point zéro... Belles fêtes de pâques Anne, des pensées fleuries vers toi. brigitte

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  2. Un texte très touchant qui parle à l'âme ! J'aime bcp !
    Bon WE pascal
    Bisous

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  3. Le premier langage en effet est peut-être le silence

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