« Ecrire «le ciel est bleu» n’est possible qu'à force
d’avoir vu le ciel bleu sans l'écrire. Ou bien on a essayé, raté. Et
puis un matin, les mots cherchent le ciel, alors qu’il n’a rien de plus
bleu que les autres. Le présent est épais, et s’il ne l’est pas assez
pour libérer un poème, il vaut mieux le laisser passer, jusqu’à ce qu’il
épaississe encore. Attendre : aucun poème n’est nécessaire, sauf celui
qui s’écrit de lui-même, dans l’élan d’un moment, maintenant, souvent
préparé par une longue patience. En cela, un poète travaille sans cesse,
même quand il semble ne rien faire sinon vivre, regarder, sentir. Mais
ça, c’est un peu compliqué à expliquer aux autres, que l’on travaille
en ne faisant rien. »
Antoine Emaz, D'écrire, un peu, éditions Aencrages.
We work by doing nothing--- an interesting thought.
RépondreSupprimerQuel magnifique citation! Ne pas se forcer à écrire, attendre que les mots viennent et pendant ce temps, admirer, ressentir. C'est aussi un travail mais il est invisible. Bises alpines.
RépondreSupprimerquelle! Pardon!
RépondreSupprimerOui, c'est ce qu'explique Borgès dans une interview. La différence entre écrire un roman et un poème, le poème vient tout seul (après l'avoir mûri en soi), tandis que le roman c'est du travail.
RépondreSupprimerMerci!
Une analyse très juste, je trouve. Merci pour cet extrait.
RépondreSupprimerBon week end.
Je comprends très bien le propos et le partage, n'en est-il pas de même pour un dessin, une peinture, il me semble que ça monte aussi, à l'intérieur de soi... Bises, bel après midi Anne. brigitte
RépondreSupprimer"Et puis un matin, les mots cherchent le ciel, alors qu’il n’a rien de plus bleu que les autres." Comme c'est beau !
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