"Habiter la chair et le verbe. Habiter la joie - si possible - d'être
vivant. Habiter non pas une maison, mais le printemps à venir, qui
frémit déjà au ras du sol, visible dans ces pousses de jonquilles qui
crèvent la vieille peau figée de la terre hivernale. Habiter l'instant.
Habiter le lien, la tresse invisible qui unit à ceux qu'on aime, comme
aux inconnus, par condition d'humanité. Habiter le sans poids, l'espace
entre les choses, entre les êtres, habiter le vide éblouissant de la
lumière, l'intervalle entre les sons, la vibration entre les couleurs
autant que les obscurités du jour... "
Françoise Ascal, La table de veille, 2005.