samedi 29 octobre 2016
Prière aux vivants pour leur pardonner d'être vivants / Charlotte Delbo
"Vous qui passez
bien habillés de tous vos muscles
un vêtement qui vous va bien
qui vous va mal
qui vous va à peu près
vous qui passez
animés d’une vie tumultueuse aux artères
et bien collée au squelette
d’un pas alerte sportif lourdaud
rieurs renfrognés, vous êtes beaux
si quelconques
si quelconquement tout le monde
tellement beaux d’être quelconques
diversement
avec cette vie qui vous empêche
de sentir votre buste qui suit la jambe
votre main au chapeau
votre main sur le cœur
la rotule qui roule doucement au genou
comment vous pardonner d’être vivants…
Vous qui passez
bien habillés de tous vos muscles
comment vous pardonner
ils sont morts tous
vous passez et vous buvez aux terrasses
vous êtes heureux elle vous aime
mauvaise humeur souci d’argent
comment comment
vous pardonner d’être vivants
comment comment
vous ferez-vous pardonner
par ceux-là qui sont morts
pour que vous passiez
bien habillés de tous vos muscles
que vous buviez aux terrasses
que vous soyez plus jeunes chaque printemps
Je vous en supplie
Faites quelque chose
Apprenez un pas
Une danse
Quelque chose qui vous justifie
Qui vous donne le droit
D’être habillés de votre peau de votre poil
Apprenez à marcher et à rire
Parce que ce serait trop bête
A la fin
Que tant soient morts
Et que vous viviez
Sans rien faire de votre vie."
jeudi 27 octobre 2016
lundi 24 octobre 2016
Famille
L'ortie
est ma soeur
La fourmi
est ma soeur
Tout ce qui griffe
Tout ce qui pique
Tout ce qui marche
sous le ciel.
samedi 22 octobre 2016
Durer / Guy Boley
"Il faut bien que toutes les horreurs du monde enfantent des printemps,
si nous voulons durer au-delà du chagrin".
Guy Boley, Fils du feu, Paris : Grasset, 2016.
jeudi 20 octobre 2016
lundi 17 octobre 2016
L'almanach du jardinier
Ecrire à l’encre rousse
Sur les lignes rougies des
vignes qui s’automnent
Graver dans la chair tendre et
ligneuse des bois
De longs chemins de mousse
Capitonner de brume et rebroder
de givre
les clairières en feu
Et le sillon bruni que le soc
écartèle
Sur la colline nue
L’ensemencer de bleu.
samedi 15 octobre 2016
Fenêtre / Gian Maria Testa
Saluteremo dalla nostra finestra
il tempo che passa
e se passando ci riconoscerà
anche il tempo perduto
anche il tempo sbagliato
ci risponderà
Saluteremo dalla nostra finestra
e non sarà una canzone
che tutto il tempo finito ci ritornerà
ma saranno gli occhi
questi nostri occhi senza più parole
e un altro tempo sarà
il tempo che passa
e se passando ci riconoscerà
anche il tempo perduto
anche il tempo sbagliato
ci risponderà
Saluteremo dalla nostra finestra
e non sarà una canzone
che tutto il tempo finito ci ritornerà
ma saranno gli occhi
questi nostri occhi senza più parole
e un altro tempo sarà
(Gian Maria Testa, Canzone del Tempo)
Traduction française de Cathy :
Nous saluerons de notre fenêtre le temps qui passe, et si en passant il nous reconnaît, même le temps perdu, même le temps qui s'est trompé, nous répondra. Nous saluerons de notre fenêtre, et ce ne sera pas une chanson, le temps fini qui nous reviendra,ce seront les yeux, ces yeux sans plus de mots,et un autre temps viendra.
(Gian Maria Testa, Chanson du Temps)
mercredi 12 octobre 2016
lundi 10 octobre 2016
Géomancie
L’écureuil a frôlé roux
la première feuille de l’automne
Le hérisson promène bogue
cirés fourbis sont les marrons
La folie douce
rouille les pommes
L’incendie fauve
déjà nous pousse
Le feu couvant
dort sous la mousse...
Plus pour longtemps.
samedi 8 octobre 2016
Chant / Eugène Guillevic
"C'est quand tu chantes pour toi que tu ouvres pour les autres
l'espace qu'ils désirent."
Guillevic
jeudi 6 octobre 2016
lundi 3 octobre 2016
Vigile
Je n’ai raté
aucun matin
je crois
aucun tournant
du bleu au jour.
Jamais dormi
jusqu’à l’or tiède
toujours guettant
toujours tenant
dans le gris
d’avant le soleil.
Toujours le
merle
et le silence
le volet clos
le brouillard
monte
et l’orange du
réverbère.
Tous ces
matins
— une vie.
Aucun que je puisse
renier.
— Et la nuit
noire
et la fatigue
le chien
le loup
l’encre muette
des vesprées
A qui les
as-tu donc laissés ?
samedi 1 octobre 2016
Pas de temps à perdre / Alexandre Romanès
Je n'ai pas encore compris
comment fonctionne le monde,
mais je sais très bien
ce que le ciel exige de moi.
Le temps du gâchis est fini.
Maintenant je pose la main
Sur tout ce qui est beau.
(Alexandre Romanès, Paroles perdues,
Gallimard, 2004)
Inscription à :
Articles (Atom)