"Vous qui passez
bien habillés de tous vos muscles
un vêtement qui vous va bien
qui vous va mal
qui vous va à peu près
vous qui passez
animés d’une vie tumultueuse aux artères
et bien collée au squelette
d’un pas alerte sportif lourdaud
rieurs renfrognés, vous êtes beaux
si quelconques
si quelconquement tout le monde
tellement beaux d’être quelconques
diversement
avec cette vie qui vous empêche
de sentir votre buste qui suit la jambe
votre main au chapeau
votre main sur le cœur
la rotule qui roule doucement au genou
comment vous pardonner d’être vivants…
Vous qui passez
bien habillés de tous vos muscles
comment vous pardonner
ils sont morts tous
vous passez et vous buvez aux terrasses
vous êtes heureux elle vous aime
mauvaise humeur souci d’argent
comment comment
vous pardonner d’être vivants
comment comment
vous ferez-vous pardonner
par ceux-là qui sont morts
pour que vous passiez
bien habillés de tous vos muscles
que vous buviez aux terrasses
que vous soyez plus jeunes chaque printemps
Je vous en supplie
Faites quelque chose
Apprenez un pas
Une danse
Quelque chose qui vous justifie
Qui vous donne le droit
D’être habillés de votre peau de votre poil
Apprenez à marcher et à rire
Parce que ce serait trop bête
A la fin
Que tant soient morts
Et que vous viviez
Sans rien faire de votre vie."
Oui, Vivre ! Et lire Je me promets d'éclatantes revanches, de Valentine Goby, magnifique hommage à celle qui survécut à Auschwitz pour nous donner cette leçon de vie.
jeudi 26 octobre 2017
lundi 23 octobre 2017
Sept heure en automne (illustration du précédent)
La
chenille du train perdue dans les prés noirs
pousse du museau la nuit froide
Les
petits saules
Les
vaches somnolent
Le
ruisseau fume un peu
La
nuit grogne.
dimanche 22 octobre 2017
lundi 16 octobre 2017
Petits Poèmes de Poche
Quatre tout petits carrés, quatre minuscules mystères : voici tout chaud sortis de l'atelier mes Petits Poèmes de Poche.
D'un
côté une guirlande d'aquarelles, de l'autre un poème sorti de ma
plume... Ca ne sert à rien. C'est juste pour rêver. C'est à glisser
dans la poche, à offrir, à s'offrir.
A retrouver à l'Atelier, dans les salons où je vais en dédicace
vendredi 13 octobre 2017
Au matin
Tends
l’oreille
c’est l’heure
Celle
du silence nu
Et
de la claire veille
Celle
du temps jeté
Comme
grain qu’on épand
C’est
l’heure des moineaux
Et
des battements d’aile
C’est l’heure du chant
C’est l’heure du vent
C’est l’heure des mots
Oiseleur
de chansons
Pêcheur
de rime en rond
Apprête
le filet
Tend
tes rêts
Jette
l’encre
(Tout
ce qui va venir
Déjà,
qui les affole...
Un
pas
les fera fuir)
Tu
as si peu de temps
Si
peu, pour qu’ils se posent
Pour
qu’ils s’approchent et osent
Poser
leur ombre
sur ta main.
lundi 9 octobre 2017
Salle d'attente
Penser
ne sert à rien
Etre là
mais pas trop
Posé
comme un caillou
Stupide
de silence
L’appel viendra
Ne pas l’attendre
Murs sans mémoire
Jour sans demain
L’espoir
ferait trop mal
Se laisser traverser
par le bruit
par les heures
par les visages
des
damnés
L’appel viendra
bien assez tôt.
samedi 7 octobre 2017
Dits sous la mousse
1
Je
suis
Humide
né de l’humide
Le
suintant
Le
luisant
Le
mou
Éponge
gorgée d’automne
2
Petit
multiple
Ventre
d’ivoire
Et
pied ligneux
Nourri
de terre et de brouillard
3
La
terre
c’est
le sol
La
mousse
c’est
le sol
L’écorce
c’est
le sol
Je
viens
C’est
tout
4
Je
pousse
Je
danse
J’encercle
Je
tisse
Broderie
perlée
Dentelle
blonde
En
longs fils me défaisant
Sur
le gros drap brun de l’automne
5
J’ai
mis à mes joues
Le
rouge des fêtes
Où
l’on carillonne
Mais
l’insecte qui me frôle
Meurt
Dit-on.
6
Oreille
de judas et barbe de bouc
Oreille
de lièvre ou de chardon
Tapi
J’écoute
Le
temps qui s’égoutte
L’automne
qui passe
Et
vos pas
Sur
le sentier
7
Dodu
Charnu
Aveugle
Je
pousse ma tête chauve
Hors
de la volve
J’éclos
dans la boue froide
Dans
le ventre des feuilles
8
Couleur
de terre
Couleur
de cerf
Ou
de céruse
Couleur
de plomb ou de pigeon
Vert-de-gris
Cyanosé
Blême
9
Terre
d’ombre, améthyste
Voilé
de nuages
Noir
d’encre, blafard
Couleur
de neige ou de citron
Ou
bien d’un gris emprunté aux orages
10
Mordu,
rongé, talé, meurtri
Sitôt
jailli poussé des feuilles
La
pluie me blesse
Je
la bois
11
Fantôme
pâle
Semé
par mille
Petit
caillou fragile
Livide
sous la lune
J’ouvre
le chemin
Qui
retourne au néant.
(Dits sous la Mousse est le texte, non encore publié, qui accompagne le carnet dont je vous présente en images un aperçu. Ainsi souvent vont ensemble les mots et les images....)
vendredi 6 octobre 2017
lundi 2 octobre 2017
L'échappée
M’échapper belle
Tracer la route
Coûte que coûte
Et pour longtemps
Mettre les voiles
Prendre le vent
Gagner le clan
Des filles de l’air
Me tirer
Me casser
M’arracher
En douceur
Filer doux
Filer flou
A l’anglaise
Ou ailleurs
M’encheminer
A pas de louve
A pas de rien
M’ensauvager
Etre passage
Tracer ma vie
A coup de poings
Dans les nuages
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