vendredi 10 novembre 2017

Antonio Machado / Le chemin



Jamais je n'ai cherché la gloire
Ni voulu dans la mémoire des hommes
Laisser mes chansons
Mais j'aime les mondes subtils
Aériens et délicats
Comme des bulles de savon.
J'aime les voir s'envoler,
Se colorer de soleil et de pourpre,
Voler sous le ciel bleu, subitement trembler,
Puis éclater.

A demander ce que tu sais
Tu ne dois pas perdre ton temps
Et à des questions sans réponse
Qui donc pourrait te répondre ?

Chantez en chœur avec moi :
Savoir ? Nous ne savons rien
Venus d'une mer de mystère
Vers une mer inconnue nous allons
Et entre les deux mystères
Règne la grave énigme
Une clef inconnue ferme les trois coffres
Le savant n'enseigne rien, lumière n'éclaire pas
Que disent les mots ?
Et que dit l'eau du rocher ?

Voyageur, le chemin
C'est les traces de tes pas
C'est tout ; voyageur,
Il n'y a pas de chemin,
Le chemin se fait en marchant
Le chemin se fait en marchant
Et quand tu regardes en arrière
Tu vois le sentier que jamais
Tu ne dois à nouveau fouler
Voyageur ! Il n'y a pas de chemins
Rien que des sillages sur la mer.
Tout passe et tout demeure
Mais notre affaire est de passer
De passer en traçant des chemins
Des chemins sur la mer.


Chemin, aquarelle d'Hervé Espinosa

 (Je retranscris ici le poème préféré d'Hervé Espinosa, qui a été lu mardi, 
jour de ses obsèques.)
 

2 commentaires:

  1. Magnifique poème et magnifique aquarelle... Entre l'inconnu dont on vient et l'inconnu vers lequel on se dirige, il n'y a qu'à s'émerveiller ! Doux week end Anne. brigitte

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  2. Magnifique texte en très bonne compagnie:)

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