Vas-y : dis ce que tu penses. Le jardin
n’est pas le monde réel. Les machines
sont le monde réel. Dis honnêtement ce que n’importe quel idiot
pourrait lire sur ton visage : nous éviter,
résister à la nostalgie
a du sens. Ce n’est
pas assez moderne, le bruit que fait le vent
dans un champ de marguerites.
(…)
C’est très émouvant,
tout de même, te voir t’approcher
prudemment de la bordure de la prairie au petit matin,
lorsque personne ne peut
te voir. (…) Personne ne veut entendre parler
des impressions du monde de la nature : on se
moquera encore de toi ; on t’affublera de mépris.
Quant à ce que tu entends là,
ce matin : réfléchis à deux fois
avant de confier à quiconque ce qui s’est dit dans ce pré,
et par qui.
Louise Glück, L’Iris sauvage, traduit de l’anglais (États-Unis) par Marie Olivier, Gallimard, 2020
Louise Glück a reçu en 2020 le prix Nobel de Littérature.
Lisez L'Iris sauvage.
Très beau. Je copie sur un autre blog ce poème de Nazim Hikmet lu il y a peu :
RépondreSupprimer"Crois aux grains, à la terre, à la mer
mais avant tout à l'homme.
Aime le nuage, la machine et le livre
Mais avant tout aime l'homme.
Sens la tristesse
de la branche qui se dessèche
de la planète qui s'éteint
de l'animal infirme
mais avant tout la tristesse de l'homme.
Que tous les biens terrestres te prodiguent la joie
que l'ombre et la clarté te prodiguent la joie
que les quatre saisons te prodiguent la joie
mais avant tout que l'homme te prodigue la joie.
Que du beau par ici ce matin !
RépondreSupprimerMerci Anne et Tania, belle journée à toutes deux !
Quelle merveille, n'est-ce pas ? Pas seulement de pouvoir la lire en français, mais qu'elle ait écrit cela.
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