...On voudrait jardiner ce bleu, puis le recueillir avec des
gestes lents dans un tablier de toile ou une corbeille d’osier. Disposer le
ciel en bouquets, égrener ses parfums, tenir quelques heures la beauté contre
soi et se réconcilier.
On voudrait, on
regarde, on sait qu’on ne peut en faire plus et qu’il suffit de rester là,
debout dans la lumière, dépourvus de gestes et de mots, avec ce désir d’amour
un peu bête dont le paysage n’a que faire, mais dont on croit savoir qu’il ne
s’enfièvre pas pour rien, puisque l’amour précisément est notre tâche, notre
devoir, quand bien même serait-il aussi frêle que ces gouttes d’eau d’après
l’averse tombant dans l’herbe du jardin.
J.-M. Maulpoix. - « Convalescence du bleu après
l’averse ». - Une histoire de bleu.
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Paris : N.r.f., Poésie/Gallimard, 2005.
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