vendredi 3 avril 2020

Strange flowers...

Je voudrais relayer une magnifique initiative du poète belge Carl Norac (cité déjà il y a peu), qui bénéficie du rang de poète national pour deux ans. 

Le projet "Fleurs de funérailles" regroupe des textes écrits par les poètes belges à destination des défunts du coronavirus, parfois abandonnés ou dont les familles ne peuvent plus trouver dans les cérémonies habituelles un réconfort pourtant essentiel.  Cette impossibilité déchirante, déjà évoquée ici, à vivre les rites de passage qui, dit-on, sont une des caractéristiques anthropologiques qui séparent l'humain de l'animal, voici que les poètes lui opposent la force de leur douceur... 


Plus de 70 poètes ont déjà participé. J'ai la chance et l'honneur d'en connaître quelques-uns : Hubert Antoine, petit frère de ma grande amie violoncelliste que connaissent bien les élèves de l'Atelier, Marie-Eve Ronveaux. Philippe Mathy dont j'ai illustré le texte Iles de la Gargaude aux éditions de l'Atelier des Noyers. Colette Nys-Mazure, amie fidèle et marraine-fée, avec qui je suis en train de travailler à l'aquarelle pour un merveilleux projet à venir à l'automne...


Hubert Antoine : « Réservez-moi un rêve »

Pas un élan
Recouvert de peinture

Sinon un peu d’embrun
Dans le souffle à l’oreille
Et le ciel griffé d’ailes

Réservez-moi un rêve
Muet obscurément
Echappé de vous machinal

Comme une blessure soudaine

Un rêve pour après la mort
Qui me révélerait
Devant la porte de ma maison

***

La douleur ne dit rien
Mais fait dire

Es-tu dans le geste des mots
Qui te sont adressés ?

On ne sait d’où le souffle vient
Ni le lieu de l’union
De l’haleine et du vent



• lien vers le projet : http://www.poetenational.be/fleurs-de-funerailles/

6 commentaires:

  1. Belle initiative....la poésie... le parfum de l âme

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  2. C'est magnifique. Ces funérailles sont terriblement éprouvantes pour les familles.

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    1. Oui, et je suis impressionnée de la capacité de certains à imaginer des réponses, des rites... Peu de chose me donne confiance en la nature humaine, mais ça : oui.

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  3. merci d'avoir relayé!
    bonne journée, bon week-end

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  4. Je trouvais que Covid, en obligeant les réanimateurs à faire des choix, en empêchant les Adieux, en annulant le rituel ancestral du deuil, nous privait d'une part de notre humanité.
    De telles initiatives la restituent, et doivent apporter réconfort aux proches si éprouvés. Merci beaucoup Anne d'en parler.

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