Que ce monde demeure !
I
Je redresse une branche
Qui s'est rompue. Les feuilles
Sont lourdes d'eau et d'ombre
Comme ce ciel, d'encore
Avant le jour. Ô terre,
Signes désaccordés, chemins épars,
Mais beauté, absolue beauté,
Beauté de fleuve,
Que ce monde demeure,
Malgré la mort !
Serrée contre la branche,
L'olive grise.
II
Que ce monde demeure,
Que la feuille parfaite
Ourle à jamais dans l'arbre
L'imminence du fruit !
Que les huppes, le ciel
S'ouvrant, à l'aube,
S'envolent à jamais, de dessous le toit
De la grange vide,
Puis se posent, là-bas
Dans la légende,
Et tout est immobile
Une heure encore.
III
Que ce monde demeure !
Que l'absence, le mot
Ne soient qu'un, à jamais,
Dans la chose simple.
L'un à l'autre ce qu'est
La couleur à l'ombre,
L'or du fruit mûr à l'or
De la feuille sèche.
Et ne se dissociant
Qu'avec la mort
Comme brillance et eau quittent la main
Où fond la neige.
IV
Oh, que tant d'évidence
Ne cesse pas
Comme s'éteint le ciel
Dans la flaque sèche,
Que ce monde demeure
Tel que ce soir,
Que d'autres que nous prennent
Au fruit sans fin,
Que ce monde demeure,
Qu'entre, à jamais,
La poussière brillante du soir d'été
Dans la salle vide,
Et ruisselle à jamais
Sur le chemin
L'eau d'une heure de pluie
Dans la lumière.
V
Que ce monde demeure,
Que les mots ne soient pas
Un jour ces ossements
Gris, qu'auront becquetés,
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Voilà le grand poète qui nous redit que les mots ne sont pas des ossements inertes et Ezéchiel nous rappelle qu'ils peuvent se relever.
RépondreSupprimerBon week end de Pâques. J'espère que vous allez de mieux en mieux.
Tout va très bien, Marie, merci beaucoup. L'enfouissement de cette semaine plus sainte que bien d'autres est à vivre jusqu'au bout.
Supprimer"que ce monde demeure, malgré la mort". Voilà pour moi le grand message, la grande invocation.
RépondreSupprimerC'est très beau
RépondreSupprimerBon dimanche de Pâques