.. et pour tout, dire, alors que j'étais encore sous le coup du covid. Comme beaucoup de monde.
Il se trouve que je n'avais jamais lu La Peste. J'aurais aimé le "relire". Parce que, forte de ma lecture précédente, je l'aurais sans doute lu différemment. Mais cette lecture, enfermée chez moi, ne sortant, masquée, que pour les courses de première nécessité, et tandis que tous les soirs s'égrenaient à 20 h les chiffres de mortalité, m'a donné l'impression de lire un reportage. Je suis tombée des nues quand quelqu'un, devant moi, a évoqué la métaphore du totalitarisme que cachait l'idée de la maladie. Elle m'avait absolument échappée : je ne pouvais que me dire "Ah ! l'héroïsme des soignants ! Ah ! le sgens qui fuient les villes ! Ca y est : les hôpitaux de campagne, la saturation des morgues, ils en sont là, ça va nous arriver". Et, de fait, c'est ce qu'annonçaient les journalistes, le soir...
Drôle d'expérience d'une littérature qui avait perdu son goût. Une sorte de lecture en noir et blanc.
Et vous, avez-vous (re)lu L'amour au temps du choléra ? Le hussard sur le toit ? Nemesis ? Le Decaméron ?... Et qu'en avez-vous tiré ?
"En regardant par la fenêtre sa ville qui n’avait pas changé, c’est à
peine si le docteur sentait naître en lui ce léger écœurement devant
l’avenir qu’on appelle inquiétude. Il essayait de rassembler dans son
esprit ce qu’il savait de cette maladie. Des chiffres flottaient dans sa
mémoire et il se disait que la trentaine de grandes pestes que
l’histoire a connues avait fait près de cent millions de morts. Mais
qu’est-ce que cent millions de morts ? Quand on a fait la guerre, c’est à
peine si on sait déjà ce qu’est un mort. Et puisqu’un homme mort n’a de
poids que si on l’a vu mort, cent millions de cadavres semés à travers
l’histoire ne sont qu’une fumée dans l’imagination. Le docteur se
souvenait de la peste de Constantinople qui, selon Procope, avait fait
dix mille victimes en un jour. Dis mille morts font cinq fois le public
d’un grand cinéma. Voilà ce qu’il faudrait faire. On rassemble les gens à
la sortie de cinq cinémas, on les conduit sur une place de la ville et
on les faits mourir en tas pour y voir un peu clair. Au moins, on
pourrait mettre alors des visages connus sur cet entassement anonyme.
Mais, naturellement, c’est impossible à réaliser, et puis qui connaît
dix mille visages ?"
je n'ai pas relu la Peste ni aucun autre titre en rapport avec une épidémie ;-)
RépondreSupprimerpourtant je suis une grande (très grande) fan d'Albert Camus, la première chose que je ferai le jour où la machine à remonter le temps existera, c'est lui faire utiliser son billet de train au lieu de monter dans l'auto de ce chauffard de Gallimard ;-)
Je compte sur toi !!!
SupprimerCoucou. Je n'ai pas relu ces romans dont tu parles, même si comme Adrienne, j'aime Camus. J'aurais plutôt l'envie de relire "la Chute" que j'avais beaucoup, beaucoup aimé. Je me suis plutôt tournée vers la littérature fantastique pendant ces quelques semaines, justement pour me changer les idées. :-) Bises alpines et belle semaine.
RépondreSupprimerAh ! Je t'avouerai qu'après la Peste, j'ai enchaîné sur les oeuvre complètes d'Agatha Christie, avant, aujourd'hui, d'achever mon 17e volume du cycle des "Aventuriers de la Mer", de Robin Hobb. A part les histoires de dragons et de quête magique (ou d'enquête...) j'ai le plus grand mal à lire, ces derniers mois, comme beaucoup de monde, je crois.
SupprimerJe pense de temps en temps à relire ce roman si souvent analysé en classe, pour voir comment il m'apparaîtrait dans l'ambiance actuelle, mais je ne l'ai pas encore fait, ni pour les autres titres que tu cites. Sur cette volonté de Camus que "La Peste" puisse "puisse servir à toutes les résistances contre toutes les tyrannies", un bon article récent à lire ici : https://esprit.presse.fr/actualites/vincent-duclert/la-mesure-seule-maitresse-des-fleaux-la-peste-de-camus-42630
RépondreSupprimerBelle bannière, merci ! Bonne semaine, Anne.
Merci pour cette référence, Tania. Je vais aller lire ça.Je sais que pour ta part, tu as eu un beau programme de lecture...
SupprimerBonne semaine à toi.
Nous avons été inspirés par la même illustration... J'ai mentionné "La Peste" suite à un article de "Courrier International".
RépondreSupprimerJe ne sais pas encore si je le relirai, l'extrait que vous proposez m'y incite.
Cordialement.
... et Tania le commente : c'est la ronde des lectures et des lecteurs. J'aime bien. Et cette illustration m'a tapé dans l'oeil. Je vais aller traîner du côté de Courrier International !
SupprimerCe qui m'a saisie, c'est à quel point, alors que je suis persuadée que la littérature nous permet l'expérience (d'être un bagnard en fuite, une prostituée au grand coeur, un soldat dans sa tranchée...) ici, l'expérience tuait la littérature. Très curieux.
Merci à vous et bonne journée.
Oui, vraiment, il faut que je le relise.
SupprimerMerci, bonne journée.
Je n'ai pas relu La Peste, je l'avais trouvé en son temps excellent, mais durant le Covid j'ai essayer de lire des livres distractifs idem pour les films. Je le relirai quand ce virus sera loin.
RépondreSupprimerMaintenant je ne suis plus ennuyée avec les captcha...ouf, je les trouve complètement idiots
Bonne soirée
D'autant plus idiots que j'ai toujours pris soin de paramétrer mes blogs de façon à CE QU'IL N'Y AIT PAS DE CAPTCHA !
SupprimerGrrr...
Bonne journée, Livia.
Je n'ai pas relu tout cela car Camus est toujours tout près de moi, ses œuvres sont une constante référence car elles sont une réflexion universelle sur le totalitarisme sous toutes ses formes. Quand il m'arrivait d'écouter des médecins invités sur des plateaux télé de chaînes d'information, je pensais systématiquement au Docteur Rieux.
RépondreSupprimerUn article sur Camus très intéressant dans l'Hebdo de La Croix.
Bonne journée !
Merci Marie. Décidément, entre Esprit, Courrier International et La Croix, nous avons de la belle lecture en perspective.
SupprimerJe comprends ton sentiment. Son étude au lycée avait été centrée sur la montée du fascisme. Aussi, lors de sa relecture la ressemblance avec le covid était moins forte.
RépondreSupprimerPar contre, j'ai vu sur Arte au début du confinement un film sur "Pasteur et Koch" qui m'a impressionnée. Les pandémies de peste et de choléra étaient étudiées avec l'analyse de leurs mêmes progressions d'Est en Ouest, les mêmes mesures de confinements, les mêmes peurs. Je me rappelle avoir pensé pendant la projection, "nous y sommes, rien n'a changé". C’est un peu exagéré, car heureusement la médecine a tout de même beaucoup progressé. Je n'ai hélas pas de lien car le replay n'est plus disponible. Belle journée Anne.
Je n'ai relu ou lu aucun de ces titres pendant ce confinement. Je me suis attelée à la lecture de Don Quichotte (il m'en reste quelques pages)et j'ai trouvé qu'en 400 ans, peu de choses avaient évolué, seuls les sujets et les costumes diffèrent un peu, mais le caractère humain n'évolue pas, cela me rend tout de même un peu triste !
RépondreSupprimerTa nouvelle bannière aux coquelicots est splendide, je viens d'en admirer au milieu des blés encore verts sur le plateau de Valensole, leur vue m'énergise. Bises et douce journée Anne, courage. brigitte
Moi j'ai relu des passages de L'amour au temps du choléra qui est pour moi un des plus beaux romans du 20º siècle. Et pas seulement pour l'épidémie, mais pour tout le reste!
RépondreSupprimerUne balade au milieu des coquelicots?
Bonne journée.