mardi 22 juin 2021

Jolie critique

...consacrée à notre carnet Chaque aurore te restera première, que j'ai illustrée sur un texte de Colette Nys-Mazure. Elle est parue ces jours-ci dans Le journal des poètes, belle revue belge consacrée comme son nom l'indique à la poésie (cliquez pour agrandir)



• Pour vous procurer le livre, c'est par l'intermédiaire de votre libraire préféré, ou chez l'éditeur : atelierdesnoyers.fr


dimanche 20 juin 2021

La joie du grimpereau (pour un texte à venir)

 

"Tu réfléchissais, ce matin. Tu étais dans les meilleures conditions qui soient pour ce faire, assise sous le cerisier, ton café brûlant entre les mains. Dans le sapin voisin, un grimpereau chantonnait allègrement en partant à l’assaut du tronc, minuscule boule – un grimpereau pèse moins de dix grammes – de joie et d’énergie. Il était à peine six heures. Les cerises pendaient sous les feuilles en goutte de sang, comme dans la chanson.

Mais avais-tu réellement le droit, t’inquiétais-tu, de prêter à cet oiseau la joie qui te gonflait le cœur ? N’était-ce pas là une projection, une vue de l’esprit – une paresse, même ?

Ou bien fallait-il penser que la joie qui était la tienne en ce matin de juin couleur d’azur et de cerise se nourrissait de la joie de l’oiseau ? Qu’il en était, sinon l’origine – tu avais ce matin-là d’autres motifs d’être joyeuse – du moins l’écho parfait, l’expression la plus juste qu’il te serait jamais donné d’atteindre ?

Et pourquoi donc n’aurait-il pas été joyeux, bien campé sur son territoire de prédilection, avec pour perspective l’arpentage vertical méthodique d’une écorce d’épicéa gorgée de délicieuses larves et de moucherons juteux, le soleil en ligne de mire et pour toute compagnie, hormis la mienne, celle de quelques merles débonnaires ?

Résonance : oui, vos deux joies se faisaient écho, jusqu’à n’en plus faire qu’une dans la louange du matin."

 

 

jeudi 17 juin 2021

Se réjouir, quand même...

 

"Face à la tristesse qu’éveille en nous la mort des gens que nous aimons, il y a ce foutu refrain de sagesse que la pensée nous chuchote entre deux averses : plutôt que de blâmer la perte d’un ami, il vaut mieux se réjouir de l’avoir connu. L’esprit parvient à s’en persuader ; l’âme, la mémoire, le reste du corps clignent des yeux face à ce petit rayon de lumière audacieuse et rechignent quelque peu à sourire. Oui, tout est éphémère sur cette terre, les truites ont disparu depuis longtemps de la rivière qui passe dans le jardin de Matthieu, nous ne sommes pas sûr que les abeilles vont survivre au cynisme de quelques poignées de connards, mais réjouissons-nous d’avoir connu Matthieu et les abeilles. Il faut dire que les morts nous consolent plus ou moins bien de leur absence. Ils gèrent bien plus de choses qu’on imagine et la façon dont ils regardaient eux-mêmes le ciel, les fleurs, la terre décide aussi des couleurs de « ce reste », qu’il nous faut à présent accomplir sans eux..."

 

Ce texte qui m'a frappé au point que j'ai eu envie de le partager avec vous est de l'écrivain Christophe Fourvel, dans son "Hommage à Matthieu Messagier, disparu le 1er juin 2021" (texte à paraître dans Novo, accompagné d’autres contributions des amis de Matthieu Messagier)

Matthieu Messagier que je ne connais pas, que j'ai envie de connaître, et qui écrivait : « La poésie, je l’ai empruntée à ma naissance et je la restituerai quand je partirai. »
 
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