Mon Dieu qui donnes l’eau
tous les jours à la source,
Et la source coule, et la source fuit ;
Des espaces au vent pour qu’il prenne sa course,
Et le vent galope à travers la nuit ;
Donne de quoi rêver à moi dont l’esprit erre
Du songe de l’aube au songe du soir
Et qui sans fin écoute en moi parler la terre
Avec le ciel rose, avec le ciel noir.
Donne de quoi chanter à moi pauvre poète
Pour les gens pressés qui vont, viennent, vont
Et qui n’ont pas le temps d’entendre dans leur tête
Les airs que la vie et la mort y font.
L’herbe qui croît, le son inquiet de la route,
L’oiseau, le vent m’apprennent mon métier,
Mais en vain je les suis, en vain je les écoute,
Je ne le sais pas encor tout entier.
J’ai vu quelqu’un passer, un fantôme, homme ou femme…
Mon cœur appelait sur la fin du jour…
Les rossignols des bois sont entrés dans mon âme.
Et j’ai su chanter des chansons d’amour.
J’ai vu quelqu’un passer, s’approcher, disparaître ;
Et les chiens plaintifs qui rôdent le soir
Ont hurlé dans mon cœur à la mort de leur maître.
J’ai su depuis chanter le désespoir.
J’ai vu les morts passer et s’en aller en terre,
Leur glas au cou, lamentable troupeau,
Et leurs yeux dans mes yeux ont fixé leur mystère.
J’ai su depuis la chanson du tombeau…
Et la source coule, et la source fuit ;
Des espaces au vent pour qu’il prenne sa course,
Et le vent galope à travers la nuit ;
Donne de quoi rêver à moi dont l’esprit erre
Du songe de l’aube au songe du soir
Et qui sans fin écoute en moi parler la terre
Avec le ciel rose, avec le ciel noir.
Donne de quoi chanter à moi pauvre poète
Pour les gens pressés qui vont, viennent, vont
Et qui n’ont pas le temps d’entendre dans leur tête
Les airs que la vie et la mort y font.
L’herbe qui croît, le son inquiet de la route,
L’oiseau, le vent m’apprennent mon métier,
Mais en vain je les suis, en vain je les écoute,
Je ne le sais pas encor tout entier.
J’ai vu quelqu’un passer, un fantôme, homme ou femme…
Mon cœur appelait sur la fin du jour…
Les rossignols des bois sont entrés dans mon âme.
Et j’ai su chanter des chansons d’amour.
J’ai vu quelqu’un passer, s’approcher, disparaître ;
Et les chiens plaintifs qui rôdent le soir
Ont hurlé dans mon cœur à la mort de leur maître.
J’ai su depuis chanter le désespoir.
J’ai vu les morts passer et s’en aller en terre,
Leur glas au cou, lamentable troupeau,
Et leurs yeux dans mes yeux ont fixé leur mystère.
J’ai su depuis la chanson du tombeau…
(...)
Vous qui passez par-là, si vous voulez que j’ose
Vous rapporter du ciel la plus belle chanson,
Douce comme un duvet, rose comme la rose,
Gaie au soleil comme un jour de moisson,
Si vous voulez que je la trouve toute faite,
Vite aimez-moi, vous tous, aimez-moi bien
Avant que mon cœur las d’attendre un peu de fête
Ne soit un vieux cœur, un cœur bon à rien.
Aimez-moi, hâtez-vous… J’entends le temps qui passe…
Le temps passera… le temps est passé…
Bientôt fétu qui sèche et que nul ne ramasse
Mon cœur roulera par le vent poussé,
Sans voix, sans cœur, avec les feuilles dans l’espace.
Marie Noël (1883-1967)
Vous qui passez par-là, si vous voulez que j’ose
Vous rapporter du ciel la plus belle chanson,
Douce comme un duvet, rose comme la rose,
Gaie au soleil comme un jour de moisson,
Si vous voulez que je la trouve toute faite,
Vite aimez-moi, vous tous, aimez-moi bien
Avant que mon cœur las d’attendre un peu de fête
Ne soit un vieux cœur, un cœur bon à rien.
Aimez-moi, hâtez-vous… J’entends le temps qui passe…
Le temps passera… le temps est passé…
Bientôt fétu qui sèche et que nul ne ramasse
Mon cœur roulera par le vent poussé,
Sans voix, sans cœur, avec les feuilles dans l’espace.
Marie Noël (1883-1967)
Le temps qui passe, c'est la complainte de chacun d'entre nous. Et pourtant c'est ainsi. Bises alpines et bon mardi.
RépondreSupprimerA remarkable piece--- and I must give it more time and many readings. I hope the translation does it justice.
RépondreSupprimerCela m'a donné envie de lire la traduction en anglais proposée par google. Les mots et les structures sont simples, et je ne pense pas qu'il y ait de grave erreur. C'est beau aussi, en anglais...
SupprimerMy God who gives water every day at the source,
And the spring flows, and the spring flee;
Spaces in the wind to take his race,
And the wind gallops through the night;
Give something to dream to me whose mind wanders
From the dream of dawn to the dream of the evening
And who endless listens to me speak the earth
With the pink sky, with the black sky.
Give something to sing to me poor poet
For the busy people who go, come, go
And who do not have time to hear in their heads
The tunes that life and death do...
J’entends le temps qui passe…
RépondreSupprimer"Le temps passera… le temps est passé…
Bientôt fétu qui sèche et que nul ne ramasse
Mon cœur roulera par le vent poussé,
Sans voix, sans cœur, avec les feuilles dans l’espace."
Très beau poème que j'ai lu il y a longtemps...
Ces dernières strophes, vous en retrouverez l'écho dans "La Bête dans la jungle" de James, assurément.
RépondreSupprimerJ'aime infiniment Marie Noël et je lis sa poésie régulièrement. Son vers "avec le ciel rose, avec le ciel noir" me touche particulièrement car je sais qu'elle souffrait beaucoup mais avait cet espoir total en la joie.
RépondreSupprimerMerci pour cette belle lecture du matin.
Bon week end.
"L espoir total en la joie" : c est exactement ça.
SupprimerMerci.