"Cela vient... mystérieusement. On ne la sent pas tout de suite. Mais c'est comme la récompense progressive de tant de peines... Croyez-moi ! cela viendra, je ne sais quand. Une journée douce de printemps, ou bien un matin mouillé d'automne, peut-être une nuit de lune, vous sentirez en votre coeur une chose inexprimable et vivante s'étirer voluptueusement, - une couleuvre heureuse qui se fait longue, longue, - une chenille de velours déroulée, - un desserrement, une déchirure soyeuse et bienfaisante comme celle de l'iris qui éclot... Sans savoir pourquoi, à cette minute, vous nouerez vos mains derrière votre tête avec un inexplicable sourire... Vous découvrirez, avec une naïveté reconquise, que la lumière est rose à travers la dentelle des rideaux, et doux le tapis aux pieds nus, - que l'odeur des fleurs et celle des fruits murs exaltent au lieu d'accabler... Vous goûterez un craintif bonheur, pur de toute convoitise, délicat, un peu honteux..."
Colette, "La guérison", in Les vrilles de la vigne.
Délicieux, comme toujours chez Colette! de la chenille de velours aux pieds nus!
RépondreSupprimerquels jolis mots ;)
RépondreSupprimerIndispensable Colette.
RépondreSupprimerBon week end.
Comme c'est magnifiquement dit et si vrai...un jour, subrepticement, le corps se sent plus léger, on en est tout dérouté ou étonné!
RépondreSupprimerJ'espère que tout le monde peut connaître un jour cette guérison après de petites ou grosses blessures. Merci Anne de nous remettre ce petit extrait en tête, c'est si beau. Bises alpines.
RépondreSupprimerSi doux et si bon moment, je te souhaite d'autres "récompenses". Même craintif, ce bonheur est si bon à vivre. Bises. brigitte
RépondreSupprimerMerveilleuses images de Colette, merci pour cet extrait.
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